SUR NOS ROUTES

Deux chemins se séparaient dans un bois, et moi, j’ai emprunté le moins fréquenté, et cela a fait toute la différence.
Robert Frost, poète américain (1874-1963)

Nous avons toutes et tous des décisions à prendre. Des petites, qui façonnent notre quotidien, mais aussi parfois des grandes, existentielles. C’est la ligne de départ de Sur nos routes.

Florient Jousse prête ses traits à Maxime Berthon, habitant d’un village au bord de l’Atlantique, qui voudrait que ça change. Mais comment faire ? Pour dessiner ce chemin de vie, accompagné de la harpe subtile et de la voix sublime d’Audrey Saad, le dramaturge et comédien a puisé dans la matière la plus évidente : sa propre histoire.

Après Frénésies et son rythme endiablé, Sur nos routes porte un regard plus profond et contemplatif sur les voyages, sur les rencontres et sur soi. L’intime du jeune Maxime rejoint celui de Karim et Hakima, Jack, Frédéric et les autres, dont les portraits sonores glanés ici et là racontent les questionnements universels et les destins extraordinaires dans un bijou de dramaturgie et de poésie.

À l’heure où le lien social est en danger critique, cette autofiction à plusieurs voix est une traversée en solidaire, avec La Réunion pour pivot, qui fait taire « l’enfer, c’est les autres » et croire en « s’en faire pour les autres ».

IN VIRÉ TOURNÉ ÈK…
KOSA SA ?

Chaque année, deux ou trois compagnies réunionnaises sont invitées par le Théâtre sous les Arbres à investir Le Port pendant grosso-modo un mois. Nous avons appelé cette résidence de territoire : In viré tourné èk… De mi-mai à mi-juin, c’est In viré tourné èk… Compagnie Tilawcis.

Au programme, telle une boule à facettes : un Vavangaz sou pyédbwa pour se familiariser avec l’imaginaire de l’artiste à l’occasion d’une carte blanche, un Dan la kour pour voir gratuitement une forme spectaculaire dans un quartier du Port, et trois soirées pour découvrir la dernière création de la compagnie. Et pour celles et ceux qui veulent pratiquer le théâtre, chaque artiste anime des stages, soit pour les ados pendant les vacances scolaires, soit pour les adultes novices ou non.

La Konpani Ibao a un autre credo : sortir le théâtre de sa boîte noire et l’amener en toute convivialité dans les quartiers, les médiathèques, les places publiques, les écoles, voire chez l’habitant. Pour ce faire, elle développe une forme nomade : un texte, le jeu, une scénographie légère, des lumières sobres et des costumes longuement travaillés qui racontent dans la simplicité du reste. Et d’après vous, quelle est sa plus grande source d’inspiration ? C’est vous !

FÉ LA KONÉSANS COMPAGNIE TILAWCIS

La Compagnie Tilawcis est née en 2019 d’une envie primordiale de partager des textes singuliers et de développer, à partir du territoire réunionnais, le concept d’hybridité, la notion de rituel et de sacré, la recherche de transversalité des disciplines associées à la performance scénique.

Tilawcis provient d’un néologisme qui associe le tylosis, un genre de coléoptère, symbole de l’éphémérité de l’acte artistique, et tea-law, une expression utilisée par l’écrivain et poète américain Jack Kerouac pour décrire la puissance créatrice des paradis artificiels. En le transposant à la démarche de la Compagnie Tilawcis, c’est le plein pouvoir de l’imaginaire au cœur du processus de création.

Ses propositions suivent un thème récurrent : la situation d’insularité et le regard qu’elle conditionne, tourné vers l’autre, vers l’ailleurs (parfois fantasmé) ou vers soi, quitte à partir en quête de son identité, son histoire, sa géographie, sa culture, sa spiritualité, ses racines. Des sujets universels sont ainsi ouverts par le prisme de l’intime.

Les notions d’île-prison et d’île-monde sont interrogées en suivant le principe du romancier, poète et philosophe martiniquais Édouard Glissant, selon lequel le monde est un réseau archipélique interconnecté. C’est ce qui conduit la compagnie à métisser les influences, à l’image de la société réunionnaise, pour montrer les points de convergence entre différentes sociétés parfois aux antipodes les unes des autres.

Il existe un art du patchwork traditionnel réunionnais nommé tapi mandian . Le théâtre de Tilawcis est un tapis mendiant qui s’enrichit des voyages entrepris et des rencontres fortuites.